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Longtemps confidentiel, le Salon du dessin témoigne du dynamisme d’un marché porté par les esquisses des grands maîtres classiques, tout en s’ouvrant aux artistes contemporains.
Pas moins de trente-neuf exposants, une quinzaine de milliers de visiteurs attendus et plusieurs milliers de « feuilles » et d’esquisses réalisées par les plus grands maîtres du genre : pour sa 28e édition, le Salon du Dessin confirme sa belle dynamique et s’impose, plus que jamais, comme un rendez-vous incontournable de la vie artistique parisienne. Unique foire au monde consacrée à la spécialité, l’évènement réunit, du 27 mars au 1er avril, galeristes, experts, collectionneurs, conservateurs et amateurs de dessins célèbres au sein de la prestigieuse enceinte du Palais Brongniart, l’ancienne Bourse de Paris située dans le deuxième arrondissement de la capitale.
Quand le dessin rivalise avec les autres disciplines artistiques
A ses débuts, quand en 1991 Hervé Aaron et une petite dizaine de marchands d’art lancent le premier Salon dans les sous-sols du palace parisien George V, l’évènement est pourtant confidentiel, réservé aux seuls amateurs avertis. Depuis, la discipline a acquis une reconnaissance presque égale aux autres pratiques artistiques, et son salon officiel rayonne hors les murs, en province mais également à l’international. « Pendant longtemps, se remémore le galeriste Antoine Laurentin dans les colonnes de Marianne, le dessin a été un objet de conservateurs, d’amateurs, un cercle fermé. A présent, nous sommes arrivés à une qualité et une reconnaissance équivalentes au reste de la création plasticienne ; on peut considérer tout type de création sur le même plan. Ce marché s’est ouvert grâce au Salon du dessin, qui a créé un petit électrochoc ».
« Le marché du dessin se porte plutôt bien, confirme le fondateur du Salon, Hervé Aaron. On remarque le même phénomène que dans les autres secteurs du marché de l’art, à savoir, un écart de plus en plus important entre les œuvres de bonne qualité qui font des prix considérables, et les dessins de qualité moyenne pour lesquels la demande stagne ». En témoignent les records d’enchères récemment décrochés par Un homme debout, de Lucas de Leyden – plus de 11,2 millions d’euros –, ou cette étude de tête signée Picasso, adjugée pour quelque 4 millions d’euros.
Quant aux dessinateurs classiques, ils restent fermement dressés sur leur piédestal : « les dessins du XVIe italien se raréfient, donc des feuilles importantes de grands maîtres comme Raphaël, Léonard de Vinci font des prix record et restent au sommet. L’évolution du goût actuel est portée vers le XVIIe italien et français. Le XIXe français et allemand se portent bien aussi, ainsi que les symbolistes », commente M. Aaron, selon qui « aujourd’hui, la préférence est à l’esquisse, aux études, où on voit davantage le processus d’élaboration artistique ».
Les artistes contemporains de plus en plus prisés
Centré sur le dessin classique, le Salon s’est progressivement ouvert aux artistes modernes et contemporains, tels que Matisse, Picasso, Manet, Gauguin ou Miro. Il attire désormais les galeries ou institutions étrangères, comme le musée Pouchkine de Moscou en 2016 et, cette année, la galerie viennoise Wienerroither & Kohlbacher, qui présente des œuvres de Klimt et Schiele. « Le secret de la durée du salon, c’est sa faculté de renouvellement. Tous les ans, il faut inviter de nouveaux conservateurs, de nouveaux collectionneurs, de nouveaux galeristes, pour présenter un état du marché à un instant T. », décrypte l’expert Louis de Bayser, président du salon depuis 2014.
Les maisons d’enchères ne sont pas en reste, comme Sotheby’s, qui présente cinq dessins de Pablo Picasso, dont Nu couché tenant une fleur et Nu couché, personnage et deux pigeons, proposés respectivement à 200 000 et 300 000 euros, ainsi qu’un portrait de Dora Maar, l’un des grands amours du peintre. La Salle d’armes, l’un des tous premiers tableaux surréalistes de Magritte, est quant à lui estimé entre 700 000 et 1 million d’euros. Enfin, les exposants n’oublient pas de présenter des feuilles à partir de 3 000 euros afin d’attirer de nouveaux collectionneurs vers un marché du dessin de plus en plus dynamique.
Salon du Dessin, au Palais Brongniart (Paris IIe), du 27 mars au 1er avril. salondudessin.com