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Les établissements universitaires sont de plus en plus nombreux à proposer des offres de formation à destination des étudiants désireux d’évoluer dans le secteur du luxe. Plusieurs enseignes de mode ou de joaillerie, comme LVMH ou Cartier, ont également lancé leurs propres programmes.
Le secteur du luxe recrute. Loin de ne concerner que le stylisme et autres métiers dits créatifs, les métiers du luxe recouvrent une grande diversité de professions, auxquelles les étudiants peuvent accéder après des formations elles-mêmes très diverses. Alternance, brevets des métiers d’art (BMA), Bachelor, Master, MBA… : de nombreuses voies s’ouvrent aux jeunes désireux d’évoluer dans un milieu où la rigueur et la passion sont les maîtres-mots.
« Au hit-parade des métiers, les bons vendeurs ont détrôné les pros du marketing, analyse Alain Dominique Perrin, président d’EDC Paris Business School et de la Fondation Cartier. Sont également recherchés les spécialistes de commerce retail, de wholesale, de communication digitale, de logistique, de supply chain. Et, bien sûr, les »métiers de la main », ces artisans précieux qui créent les produits haut de gamme ».
Des formations nombreuses et inégales
Au-delà des écoles de mode, d’artisanat et de design, ou des grandes écoles de commerce, de nombreux établissements proposent des formations spécifiquement orientées sur le luxe. C’est le cas de l’ISML « Sup de Luxe », qui appartient l’EDC Paris Business School. Créé par Cartier en 1990, l’Institut Supérieur de Marketing du Luxe a décroché la première place du classement des formations établi, en 2016, par Eduniversal.
Sur la seconde marche du podium, on retrouve le Business School MBA in International Luxury Brand Management de l’ESSEC, suivi par le Master Innovation Design et Luxe de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. L’institut d’excellence du Groupe INSEEC propose également des formations en management du luxe, hospitalité et art de vivre. Enfin, l’Ecole internationale de marketing du Luxe (EIML) permet à ses étudiants de nouer des premiers contacts avec les grands noms du secteur. Encore ne s’agit-il là que des écoles les plus célèbres et courues.
Car toutes les formations ne se valent pas. « Il faut se méfier des beaux discours bien enrobés qui font rêver, mais n’engendrent souvent que désillusions et stages à répétition – quand les jeunes diplômés ont déjà la chance de trouver un stage », prévient Dominique Perrin. S’il reste difficile d’intégrer une grande école ou de s’y retrouver parmi la pléthore de formations proposées par des établissements parfois peu scrupuleux, pourquoi ne pas tenter sa chance au sein d’une structure appartenant directement à une marque ou un groupe de luxe ?
Les groupes de luxe lancent leurs écoles « maisons »
De plus en plus d’entreprises du secteur proposent des formations pointues, dans le but, notamment, d’apprendre des métiers manuels recherchés. Lacoste a ainsi lancé, en 2017, son école de formation au métier de bonnetier. En 2002, Cartier a ouvert les portes de son Institut Joaillerie Cartier, afin de palier au manque de polisseurs en joaillerie dans ses ateliers. Aujourd’hui, l’Institut dispense des formations plus diversifiées, en apprentissage, en partenariat avec l’Ecole privée de bijouterie (BJOP). En 1993 déjà, l’entreprise avait ouvert l’Institut Horlogerie Cartier, qui forme des apprentis dans des domaines aussi variés que l’horlogerie, le polissage et la micro-mécanique.
« Chez Cartier, nous pouvons offrir des parcours variés, sur le travail du bijoux classique jusqu’à la très haute joaillerie, et des carrières à l’international », explique Alexandre Auberson, le directeur de l’école maison du célèbre horloger. Mais, prévient-il, « les métiers d’arts appliqués sont des métiers de passion, ils sont difficiles et demandent beaucoup d’investissement ».
Plus récemment, c’est le leader mondial du secteur qui a lui aussi décidé de lancer un programme de formation, destiné aux étudiants européens. Après le succès de l’opération INSIDE LVMH, en novembre 2016, le groupe, déjà à l’origine de la création de l’Institut des Métiers d’Excellence (IME), vient d’annoncer le lancement du INSIDE LVMH Program. Ouvert dans une cinquantaine d’écoles et d’universités en France, Italie, Suisse, Espagne, Royaume-Uni et Allemagne, le programme offre un parcours de quatre mois aux participants – qu’ils soient issus d’écoles de design et de création, de commerce, d’ingénierie ou de technologies.
Véritable immersion dans les coulisses du groupe, le INSIDE LVMH Program propose des capsules vidéo pédagogiques, co-créées avec des professeurs d’établissement comme HEC, Centrale Supélec, l’Institut Français de la Mode (IFM) ou encore la prestigieuse Central Saint Martins de Londres. Quelque 3 500 étudiants se sont déjà inscrits au programme depuis le 9 janvier dernier. Un programme qui a été conçu « comme une passerelle entre la sphère académique où évoluent les jeunes talents et le monde professionnel », détaille la DRH du groupe, Chantal Gaemperle. Son objectif ? Permettre aux élèves « de se projeter afin de rejoindre les équipes de nos Maisons ».
Culture et international, deux atouts indispensables
Pour les aspirants candidats, il ne suffit pas d’exceller dans leur domaine de compétence. Afin de sublimer l’expérience client, les futurs professionnels du luxe se doivent de maîtriser l’intégralité de la chaîne, de la conception à la distribution, en passant par la réalisation et le marketing. « L’empathie vis-à-vis du monde de la création est évaluée en priorité », complète Françoise Sackrider, directrice des programmes de management à l’IFM. « Le luxe est intimement lié à l’art et à la culture », abonde Simon Nyeck, titulaire de la chaire des savoir-faire d’exception de l’ESSEC.
Dernière carte à avoir en main, l’ouverture à l’international. Alors que les marchés chinois, américains et de la péninsule arabique constituent les principales cibles des enseignes du luxe, il est nécessaire pour les candidats de se montrer mobiles et flexibles. « Tout enseignement doit être international », explique ainsi Thibaut de la Rivière, directeur de Sup de Luxe. Un conseil qu’applique à la lettre l’EM Lyon, qui a divisé son cursus entre trois capitales du luxe : Paris, New York ou Londres, et Shanghaï.