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A la rentrée 2020 ouvrira une nouvelle école de mode à Paris, portée par de grands noms du secteur. Faisant la part belle à l’apprentissage, le futur IFM accueillera plus de 1 000 élèves, en provenance du monde entier. En concertation avec les entreprises de la mode et du luxe, le gouvernement a également présenté un nouveau « contrat stratégique » pour la filière, avec pour ambition affichée de faire rayonner le savoir-faire français par delà les frontières.
Central Saint Martins et l’académie de mode d’Anvers vont, enfin, avoir une concurrence tricolore : les deux écoles de mode britannique et belge, dont sont issus de nombreux créateurs et artisans de l’habillement, vont en effet bientôt devoir faire face au « meilleur établissement de mode au monde », qui ouvrira ses portes, à Paris, à la rentrée 2020. La formule est de Ralf Toledano, le président de la Fédération de la haute couture et de la mode, qui a donné, le 8 janvier, le coup d’envoi du futur Institut français de la mode (IFM).
Un projet porté par Chanel, LVMH et Saint Laurent
Imaginé en 2016, l’IFM consacrera la fusion de l’Ecole de la chambre syndicale de la couture parisienne – d’ores et déjà l’un des établissements, depuis sa création en 1927, les plus réputés dans l’Hexagone, et qui a vu passer entre ses murs Yves Saint Laurent ou Karl Lagerfeld – et de l’actuel IFM, une école pionnière en matière de formation au management de la mode. Les formations proposées iront du CAP au doctorat et seront articulées autour de trois piliers : création, management et savoir-faire. Pas moins de seize programmes seront dispensés, dont huit en alternance, ainsi qu’un Bachelor et un Master of Arts in Fashion Design, ce dernier étant dispensé en anglais.
Un large éventail, destiné à attirer les étudiants du monde entier et à réaffirmer la place de Paris en tant que capitale incontestable de la mode. « C’est par l’enseignement et la formation que notre secteur continuera à rayonner à travers le monde », explique Ralf Toledano, selon qui il était jusqu’alors dommageable que Paris fasse « appel à des diplômés d’écoles étrangères pour ses studios de création ». « C’est donc tout naturellement qu’en 2014, rejoints par Francesca Belletini (Saint Laurent), nous avons décidé de donner naissance à cette école de design dont nous rêvions tous », se remémore Ralf Toledano.
Bénéficiant du soutien de nombreux partenaires de renom, le futur IFM a déjà « une histoire, juge encore M. Toledano : c’est celle de quatre chefs d’entreprise – Guillaume de Seynes (Hermès), Sidney Toledano (LVMH), Bruno Pavlovsky (Chanel) et lui-même –, (pour qui) il semblait aller de soi que la meilleure école de création de mode au monde devait être à Paris ». Situé quai d’Austerlitz, dans les locaux de l’actuelle Cité de la mode et du design, l’IFM, dont la surface atteindra 8 000 mètres carrés, devrait accueillir quelque 1 100 élèves. Afin d’encourager l’accès de l’école aux étudiants de toutes nationalités et origines sociales, 40% des étudiants devraient bénéficier d’une bourse.
Un nouveau contrat stratégique de filière pour « porter davantage l’excellence française à travers le monde »
Présent lors de l’inauguration, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que « demain, quand on demandera partout à travers la planète quelle est la plus grande école de mode et de création au monde, on répondra spontanément : c’est à Paris et c’est l’IFM ». Le membre du gouvernement a profité de l’occasion pour signer, en compagnie de Franck Riester, son homologue à la Culture, un nouveau Contrat stratégique de filière « Mode et Luxe », qui entend répondre aux nombreux défis auxquels fait face le secteur : concurrence des grandes capitales mondiales, difficultés de recrutement des entreprises, bouleversement de la chaîne de production avec le numérique, maintien sur le territoire français d’un outil de production compétitif, enjeux environnementaux, etc.
Pour assurer à la filière les moyens de sa croissance, le contrat s’articule autour de six axes : développer l’attractivité du secteur, via des formations innovantes ; assurer, grâce à l’IFM, une place de premier plan à l’écosystème de l’enseignement supérieur de la mode ; améliorer la compétitivité des entreprises sous-traitantes ; accompagner et financer les entreprises de mode émergentes ; élaborer un dispositif de traçabilité pour la filière ; impulser, enfin, une dynamique vertueuse d’économie circulaire, notamment en matière de recyclage des textiles.
Les secteurs de la mode et du luxe comptent, en effet, pour beaucoup dans l’économie française, avec un chiffre d’affaires de 154 milliards d’euros et plus de 600 000 emplois directs. Premier acteur mondial, la France est aussi l’un des principaux exportateurs du secteur, avec plus de 37,5 milliards d’euros à l’export. « Le secteur de la mode et du luxe français est un motif de fierté permanent, s’est encore félicité Bruno Le Maire. Ce sont des entreprises qui ont su se renouveler sans cesse, qui gagnent des parts de marchés, qui sont conquérantes et qui font rayonner le savoir-faire français partout à travers la planète. Les projets du contrat signé aujourd’hui sont en parfaite cohérence avec les enjeux de la filière mode et luxe, et permettront de porter davantage l’excellence française à travers le monde ».