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Portés par leurs exportations, les secteurs français du luxe et de la mode ne cessent d’embaucher et d’ouvrir de nouveaux ateliers dans l’Hexagone. De nombreuses opportunités s’offrent aux candidats.
Sur la troisième marche du podium. Après McDonald’s et le Groupe SNCF, LVMH se hisse dans le Top 3 des recruteurs français pour 2018. Le groupe dirigé par Bernard Arnault prévoit, en effet, d’embaucher quelque 13 500 personnes au cours de l’année, selon une enquête réalisée par Le Figaro Economie et Cadremploi, portant sur plus de 400 entreprises hexagonales. Des perspectives d’embauches dopées par la santé insolente de la maison mère de Louis Vuitton, Dior et Céline.
Le luxe, étendard du Made in France
L’année 2017, il est vrai, a été celle de tous les records pour LVMH. Le leader mondial du luxe a vu son chiffre d’affaires augmenter de 12% – une croissance deux fois plus rapide que celle du marché – et s’établir à 42,6 milliards de dollars. Le résultat net du groupe culmine, quant à lui, à 5,1 milliards d’euros, en hausse de 29% par rapport à l’année précédente. De quoi rendre Bernard Arnault optimiste : « LVMH est plus pérenne que certains Gafa », s’est-il ainsi félicité dans les colonnes du Figaro. Une pérennité qui s’applique aussi aux emplois créés.
Exception au sein de l’économie française, le secteur du luxe est porté par ses exportations, et crée sans cesse de nouveaux emplois. « Très clairement, pour le secteur du luxe, l’enrichissement de nouveaux pays, la mondialisation, ont été une chance historique de créations d’emplois, comme dans l’aéronautique », analyse avec satisfaction Guillaume de Seynes, directeur général pôle amont et participations du groupe Hermès.
Preuve de cette excellente forme, en 2017, le groupe du Faubourg Saint-Honoré a inauguré plusieurs nouveaux ateliers sur le territoire hexagonal. En juin, Hermès a créé 220 nouveaux emplois, en ouvrant une maroquinerie à Val-de-Reuil, en Normandie, et un atelier spécialisé dans le travail du cuir à Saint-Junien, en Nouvelle Aquitaine. En octobre dernier, le groupe a annoncé qu’il implanterait un nouvel atelier de maroquinerie sur la commune de Saint-Vincent-de-Paul, en Gironde. L’atelier, qui devrait embaucher 250 personnes, ouvrira ses portes en 2020.
Ces nouvelles implantations entendent répondre à l’augmentation de la demande, et particulièrement celle du marché asiatique. Pour autant, pas question de sacrifier la qualité. « Il ne serait pas envisageable de créer (des sites comme ceux-là) dans un autre pays », poursuit Guillaume de Seynes : « C’est un soucis de qualité et une question d’image. Le Made in France signifie aux yeux des clients ce savoir-faire français ».
Chez LVMH aussi, l’heure est au Made in France. Le groupe a ouvert, à la fin de l’année dernière, son quatorzième atelier français à Saint-Pourçain, dans l’Allier, et embauché une centaine de maroquiniers. Un quinzième est prévu en 2018, en Vendée : 200 nouveaux emplois seront créés dans le département, où Louis Vuitton compte déjà 650 artisans. « LVMH, porté par sa croissance mondiale, avec 90% de ses ventes hors de France, embauche chaque année de 2 500 à 3 000 personnes dans l’Hexagone », se réjouit Bernard Arnault.
Première capitalisation boursière française, LVMH offre des emplois dans « l’ensemble des professions, sur l’ensemble de la hiérarchie, des savoir-faire manuels jusqu’aux fonctions dirigeantes », explique Chantal Gaemperle, la directrice des ressources humaines du groupe. Qui ajoute que 93% des contrats français sont signés à durée indéterminée. Malgré ces conditions avantageuses, LVMH et les autres groupes de luxe peinent à recruter autant que nécessaire pour satisfaire la demande : « nous manquons de raisins à Cognac et en Champagne, déplore Bernard Arnault, (et) de main d’œuvre dans notre pôle mode et maroquinerie ».
Une diversité de métiers souvent méconnus
Les opportunités d’emplois ne manquent pourtant pas : « Avec les départs en retraite dus à la pyramide des âges, quelque 10 000 emplois sont à pourvoir dans le secteur des industries du textile et de l’habillement français », expliquaient, en 2016, les organisateurs du forum « Les dessous de la mode », organisés à l’école La Fabrique. Surtout, ces opportunités ne concernent pas que les postes de styliste ou de directeur artistique.
Cette école des métiers de la mode et de la décoration, créée en 2013, a pour objectif d’offrir une alternative aux « métiers du marketing et de la création, qui sont saturés, pour valoriser des professions qui souffrent d’un vrai déficit d’image, donc d’attractivité », selon Chantal Fouqué, directrice de La Fabrique. Métiers techniques du cuir et de l’habillement, artisanat d’exception, « fashion tech », vente, merchandising… : professionnellement parlant, les secteurs du luxe et de la mode sont bien plus diversifiés que les candidats ne l’imaginent parfois.
Pour ne jamais manquer de jeunes talents, LVMH a lancé sa propre école. Créé en 2014, l’Institut des Métiers d’Excellence LVMH (IME) propose 18 formations en France, en Suisse et en Italie. Ces formations permettent au groupe « d’assurer la transmission de ses savoir-faire dans l’artisanat, la création et la vente auprès des jeunes générations dont il développe ainsi l’employabilité ». Depuis sa création, l’IME a permis de former près de 300 jeunes, avec un taux de réussite de 96 % en 2017 et un taux de placement de près de 90 % – dont les deux tiers au sein des maisons du groupe.