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Malmenées mi-octobre sur l’ensemble des places financières, les valeurs du luxe ont subi le contrecoup des inquiétudes partagées par les investisseurs sur la demande chinoise. Le groupe LVMH affiche pourtant des résultats encourageants et sa confiance sur le marché chinois. Analyse de ce que d’aucuns présentent comme une « bulle » du luxe.
« Le luxe n’est plus en vogue » : c’est sous ce titre alarmiste que la célèbre banque Morgan Stanley a publié, début octobre, son analyse des valeurs du secteur du luxe. Dans la foulée, l’établissement américain abaissait sa recommandation sur l’ensemble du secteur du luxe européen, précisant toutefois que, compte tenu de résultats toujours solides, « il n’est pas trop tard pour vendre » les actions des grands groupes. Autrement dit, c’est à une « bulle » du luxe que les investisseurs auraient affaire.
Inquiétudes sur la demande chinoise
De fait, le 10 octobre dernier avait tout d’un « mercredi noir » pour les valeurs du luxe européen. A Paris, la Bourse a adressé un sévère avertissement aux grands groupes du secteur. En dépit de résultats trimestriels conformes aux attentes des analystes, le leader mondial du secteur, LVMH, a vu son titre reculer de 7,14% – selon Bloomberg, sa plus forte baisse depuis la crise de 2008. Idem pour Kering (-9,62%) et Hermès (-5,07%), les groupes étrangers ne faisant pas mieux : Burberry a perdu 8,1%, Richemont 4% et Prada 10,49%. Les groupes américains Michael Kors, Tapestry et Tiffany ont également dévissé.
En cause, « un certain ralentissement de la dynamique de croissance du secteur », tel que pointé le 4 octobre par une étude publiée par Bryan Garnier. Selon ses auteurs, la croissance du luxe devrait passer de 10% au premier semestre 2018 à 8% au second, et tomber à 6% au cours de l’année prochaine. Les titres du secteurs seraient donc survalorisés, mais ce sont surtout les inquiétudes à propos de la demande chinoise qui ont poussé les marchés à la prudence.
Les consommateurs chinois représentent en effet 32% du marché mondial du luxe, et portent à eux seuls 70% de sa croissance. Mais la Bourse de Shanghai recule, le yuan se déprécie et, surtout, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis fait peser de lourdes incertitudes sur la croissance chinoise. De plus, Pékin a confirmé réfléchir à un renforcement des contrôles sur les achats de produits de luxe réalisés à l’étranger par les touristes chinois, dans le but parfois de revendre leurs achats dans leur pays. « Les autorités chinoises ont des lois qui sont appliquées avec plus de force en ce moment », confirme le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony.
LVMH affiche sa confiance
Si son cours a chuté comme ceux de l’ensemble du secteur, le groupe LVMH a pourtant conservé son rythme de croissance au troisième trimestre 2018 : à 11,38 milliards d’euros, son chiffre d’affaires est ainsi en hausse de 10% en organique (contre +11% au second trimestre). Pour la première fois, le groupe dirigé par Bernard Arnault a même dépassé la barre des 33 milliards d’euros sur neuf mois. Une « performance qui poursuit les tendances enregistrées au premier semestre et à laquelle tous les groupes d’activité ont contribué », souligne le groupe dans un communiqué.
Comme d’habitude, c’est la division mode et maroquinerie qui porte la croissance de LVMH, avec une progression de 14% au cours du dernier trimestre, contre +13% au second. Les vins et spiritueux maison se portent bien aussi, avec des ventes en augmentation de 7%, contre +3% au deuxième trimestre. Deux marchés particulièrement importants en Chine. « Nos ventes en Chine n’ont jamais été aussi bonnes, a ainsi confié Bernard Arnault le 11 octobre. A moyen terme, c’est plutôt l’économie mondiale qui m’inquiète ». Le 25 octobre, le titre LVMH avait repris 2,23%.