|
|
Le PDG du groupe de luxe LVMH a signé, mardi, une convention avec la Fondation Notre-Dame, concrétisant la plus importante promesse d’argent effectuée au lendemain de l’incendie ayant dévoré l’édifice. Pendant ce temps, les travaux de consolidation du chantier se poursuivent, alors que l’Anses mène l’enquête sur d’éventuelles pollutions au plomb dans les environs de la cathédrale.
Chose promise, chose due. Bernard Arnault, première fortune de France et PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, a officiellement signé mardi 24 septembre la convention concrétisant la promesse de 200 millions d’euros faite au nom de sa famille et de son entreprise pour aider à la restauration de Notre-Dame de Paris. L’évènement s’est tenu en présence de Monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris. « Nous finançons une partie de la reconstruction, a déclaré M. Arnault, nous allons suivre le programme établi par l’Etat. Nous sommes là pour aider et financer la rénovation de ce monument extraordinaire ».
« Notre-Dame restera Notre-Dame »
« Notre-Dame restera Notre-Dame », a encore promis celui qui, dès les premières heures après l’incendie du 15 avril dernier, s’était engagé à verser la plus importante contribution des quelque 850 millions d’euros promis par les grandes fortunes, entreprises et particuliers originaires du monde entier. Mgr Aupetit a, quant à lui, indiqué que « tout avance en très bonne intelligence » entre l’ensemble des acteurs impliqués dans le pharaonique chantier de reconstruction de la cathédrale – l’Etat français pour le bâtiment, la mairie de Paris pour le parvis et la Fondation Notre-Dame qui, aux côtés de la Fondation de France et de celle du Patrimoine, a été désignée pour gérer la collecte des dons.
Laquelle Fondation a annoncé avoir récolté, à ce jour, 36 millions d’euros de dons auprès de 46 000 particuliers, 60 entreprises et près d’une trentaine de collectivités publiques hexagonales et étrangères. Un montant qui devrait donc considérablement augmenter à la faveur de la signature survenue mardi dernier, pour approcher les 380 millions d’euros – la famille Pinault, propriétaire du groupe de luxe Kering, devant de son côté officialiser un don de 100 millions d’euros d’ici à la fin du mois de septembre. « Nous avons le souci de tous les donateurs, a encore assuré Mgr Aupetit, (car le drame) a touché des personnes de tous âges, de tous pays. C’est extraordinaire ce que (Notre-Dame) peut représenter de la France, de l’Histoire, de la spiritualité ».
La « fausse polémique » de la défiscalisation
On se souvient en effet que l’incendie ayant en très grande partie ravagé la toiture de l’édifice, emblématique de la capitale, de la culture et de l’histoire françaises, avait immédiatement suscité une vague d’émotion à travers le monde. Sans pour autant éviter la polémique, certains commentateurs estimant que les dons promis par les grandes fortunes et entreprises tricolores pouvaient s’inscrire dans le cadre d’une défiscalisation prévue par la loi française. Une « fausse polémique », avait alors balayé Bernard Arnault, jugeant « assez consternant de voir qu’en France on se fait critiquer même quand on fait une œuvre d’intérêt général », tout en précisant que la loi sur le mécénat ne s’appliquait pas aux dons effectués par sa société familiale, dépourvue de chiffre d’affaires.
Depuis le dramatique événement, de l’eau a coulé sous les ponts de la Seine. Un projet de loi a été adopté et promulgué le 30 juillet, donnant un cadre légal à la souscription nationale. Un comité contrôlant la gestion des dons a été mis sur pied. Enfin, un grand concours international d’architecture a été lancé pour la reconstruction de la flèche de la cathédrale, donnant à voir les projets les plus audacieux – à défaut d’être les plus crédibles, un certain consensus émergeant aussi bien parmi les décideurs politiques qu’au sein de l’opinion publique pour reconstruire l’édifice à l’identique.
La question de la dépollution en suspens
A la fin de l’été et à la faveur de la rentrée des classes dans les établissements scolaires jouxtant la cathédrale, de nouvelles interrogations ont surgi concernant l’éventuelle pollution au plomb consécutive à l’incendie. Depuis, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été saisie par la Direction générale de la santé (DGS) pour évaluer l’impact de cette pollution dans les rues et bâtiments voisins de Notre-Dame. Quant aux travaux à proprement parler, ils se concentrent encore et toujours sur la phase de démontage de l’immense échafaudage entourant la cathédrale lors de l’incendie, et dont les éléments se sont littéralement « soudés » entre eux sous l’effet de la chaleur. Une phase de consolidation du chantier qui devrait durer, d’après les experts, au moins jusqu’à « mi-2020 ».
Autant dire que ni les fidèles ni les touristes ne sont prêts de pénétrer à nouveau sous les imposantes voutes de Notre-Dame de Paris. Afin de conserver au lieu sa fonction de prière, l’archevêque de la capitale a cependant tenu à y célébrer une messe, le 14 juin dernier. Un office, sécurité oblige, mené en l’absence de fidèles, et avec casques et protections de rigueur… La reconstruction de Notre-Dame prendra donc du temps, beaucoup de temps – et d’argent. L’émotion passée, il est donc plus que jamais nécessaire que les promesses de dons soient honorées, afin qu’un jour la cathédrale retrouve sa splendeur millénaire.