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De leur rencontre en 1953 à la mort de l’actrice, en 1993, en passant par le cinéma et la couture, la tendre complicité entre le styliste français et l’actrice américaine a marqué à jamais la mode contemporaine.
« C’est Hubert de Givenchy qui m’a donné un look, un genre, une silhouette. Habillée par lui, je n’ai peur de rien » : c’est en ces termes qu’Audrey Hepburn parlait de sa relation avec Hubert de Givenchy. Entre l’actrice américaine et le couturier français s’est tissée, au fil d’une quarantaine d’année, une amitié mythique, marquée par la même passion pour la mode et la couture. « C’est difficile de parler d’elle tant l’émotion est présente, disait d’Audrey Hepburn le styliste après sa mort, en 1993. Il y avait tellement d’intimité dans notre amitié ».
Une rencontre née d’un malentendu
La rencontre entre la star et Givenchy est, pourtant, fondée sur un malentendu. En 1953, Audrey Hepburn est à la recherche de tenues pour son nouveau film, « Sabrina », réalisé par Billy Wilder. Une amie commune l’adresse aux studios parisiens d’Hubert de Givenchy, où ce dernier s’attend à recevoir « Miss Hepburn », c’est-à-dire l’actrice Katharine Hepburn, alors bien plus connue « Mais quand la porte de mon studio s’ouvrit, se tenait là une jeune femme, très mince, très grande, aux yeux de biche et aux cheveux courts », se remémore le styliste qui, déçu, refuse d’habiller la jeune femme.
Qu’à cela ne tienne : Audrey Hepburn invite Hubert de Givenchy à dîner. A la fin de la nuit, le couturier est tombé sous le charme de l’actrice, et, comme il le confiera plus tard, « de sa beauté, de sa personnalité et de sa brillance d’esprit ». « Elle m’a convaincu ; quelle chance j’ai eu d’accepter sa proposition », dira encore Givenchy. C’est le début d’une complicité à nulle autre pareille, et d’une féconde collaboration professionnelle, à l’écran comme à la ville, qui donnera naissance à l’inimitable « style Audrey Hepburn ».
« Drôle de frimousse » (1957), « Charade » (1963), « Comment voler un million de dollars » (1966) : au cinéma, Audrey Hepburn incarne désormais aux yeux de tous le style Givenchy, une élégance sans ostentation, mêlant simplicité et discrète fantaisie. Mais c’est sans doute dans l’adaptation du roman de Truman Capote, « Breakfast at Tiffany’s » (« Diamants sur canapé », 1961), que la muse d’Hubert de Givenchy fera, grâce à sa célèbre robe de cocktail noire, passer le style du créateur à la postérité.
Une indéfectible amitié couture
L’amitié qui lie les deux artistes ne saurait pourtant se résumer à leurs collaborations pour le grand écran. Le couple, aussi platonique que glamour, dîne et se promène à Paris, participe aux fêtes branchées de Rome et aux soirées de gala new-yorkaises. Audrey Hepburn fait également appel à Hubert de Givenchy pour les évènements les plus importants de sa vie, comme lors du baptême de son fils ou de son second mariage, en 1969, durant lequel elle arbore une mini-robe rose pâle créée par le couturier. « Les vêtements de Givenchy sont les seuls dans lesquels je me sens moi-même, déclare ainsi l’actrice. Il est bien plus qu’un styliste, il est un créateur de personnalité ».
« Audrey savait parfaitement comment s’habiller et que porter, confirmera l’intéressé. Le résultat était toujours extraordinaire, parce que son visage et son style sont devenus mon style ». En témoignent le fait que la star n’hésitait pas à monter sur les podiums pour présenter les créations de son ami, ou encore la confiance qu’elle lui porta en acceptant, sans hésiter, d’incarner l’image du premier parfum de Givenchy, « Interdit ».
Au crépuscule de sa vie, Audrey Hepburn offrit à Hubert de Givenchy un manteau bleu marine, lui disant : « quand tu seras triste, porte le et il te donnera du courage ». Plus de vingt ans après la disparition de l’actrice, survenue en 1993, le couturier affirmait encore : « De Genève à Paris, je pleure dans la veste qu’elle m’a offerte ». Hubert de Givenchy s’est éteint le 10 mars 2018, à l’âge de 91 ans. Il avait créé sa maison de couture à Paris en 1952, avant de la vendre au groupe de luxe français LVMH en 1988 et de la quitter en 1995.
Reste la légende d’une indéfectible amitié couture, entre celui qu’Audrey Hepburn qualifiait de « couturier le plus captivant » de son époque et celle dont Hubert de Givenchy disait qu’elle était « une enchanteresse, inspirant l’amour et la beauté, et les fées ne disparaissent jamais complètement »…