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Récemment racheté par LVMH, l’hôtel le plus emblématique de Rio de Janeiro a marqué de son empreinte la culture populaire brésilienne, tout en attirant têtes couronnées et stars d’Hollywood.
Il est aussi indissociable de Rio de Janeiro que son Pain de Sucre : le Copacabana Palace, sis sur la plage du même nom, fait depuis son ouverture, il y a presque un siècle, partie intégrante du quotidien de la métropole brésilienne. Fondé au début des années 1920 par Octavio Guinle, l’un des hommes les plus riches du Brésil, l’hôtel s’impose rapidement comme une étape incontournable pour la jet set mondiale et reste, à jamais, marqué par le souvenir du petit-neveu de son fondateur, Jorge Guinle, l’archétype éternel du playboy brésilien.
De « Copa » au Copacabana Palace
Lorsque l’établissement ouvre ses portes en 1923, « Copa » n’est encore qu’une plage parmi la quinzaine que compte Rio, relativement sauvage et éloignée du centre-ville. Mais dès le grand bal d’inauguration, auquel participe en vedette la célèbre chanteuse et actrice française Mistinguett, Copacabana devient l’endroit à la mode pour le tout-Rio et l’élite internationale, qui retrouve dans l’hôtel les codes et le confort des grands palaces du monde.
S’inspirant du style du Negresco de Nice et du Carlton de Cannes, l’architecte français Joseph Gire confère en effet à l’hôtel une touche Art déco typique des années 1920. Le succès de l’établissement encourage les promoteurs immobiliers à investir les 4,5 kilomètres de la plage de Copacabana, qui devient un quartier synonyme d’élégance et de décontraction et symbolise bientôt, dans le monde entier, la douceur de la vie à la brésilienne.
Des atouts qui attirent les stars et grands de ce monde. Marilyn Monroe, Ava Gardner, Marlene Dietrich, Fred Astaire, Walt Disney, Humphrey Bogart, Orson Welles…: c’est tout Hollywood qui se donne rendez-vous au Copacabana Palace, où les starlettes américaines côtoient les vedettes françaises comme Yves Montant ou Brigitte Bardot, sans oublier les têtes couronnées, de Elisabeth II à Hussein de Jordanie. Mais la véritable star du Copacabana reste, sans contestation possible, Jorge Guinle.
Né en 1916, celui qui se fait surnommer « Jorginho » en raison de sa petite taille est incontournable dans le Hollywood des années 1940 à 1970. Habitant la moitié de l’année aux Etats-Unis, cet infatigable séducteur use de son incroyable carnet d’adresses pour faire la publicité de l’établissement familial auprès des stars et grandes fortunes américaines. « L’important n’est pas d’avoir beaucoup d’argent mais de connaître les bons endroits, les bonnes personnes et les bonnes manières », confiera-t-il.
Une devise appliquée à la lettre, Jorge Guinle ayant séduit des actrices comme Kim Novak, Marilyn Monroe ou Romy Schneider, avant de faire le serment, au cours des années 1950, de dilapider sa fortune avant de mourir ; il décèdera, ruiné, en 2004. A partir des années 1970 et de la montée en puissance du quartier concurrent d’Ipanema, le lustre du Copacabana Palace commence cependant à faiblir. Le bâtiment, revendu à la fin du siècle dernier à la chaîne anglaise Sherwood, bénéficie alors d’importants travaux de rénovation, avant de passer sous la bannière des hôtels Belmond.
Avec le rachat de Belmond, le Copacabana Palace entre dans l’écurie LVMH
Avec 34 hôtels et palaces – dont le célébrissime Cipriani de Venise –, sept trains de prestige, deux croisières fluviales et un chiffre d’affaires de plus de 500 millions d’euros, Belmond est aujourd’hui un acteur majeur de l’hôtellerie de luxe. Le groupe vient d’être racheté, pour 2,3 milliards d’euros, par le numéro un mondial du luxe, LVMH, ce qui le valorise à 2,8 milliards d’euros. Une acquisition stratégique pour le groupe de Bernard Arnault, qui possède déjà trois hôtels de luxe sous l’enseigne Cheval Blanc (Maldives, Courchevel, Saint-Barthélémy) et projette d’ouvrir de nouveaux établissements à Paris et Saint-Tropez.
Si l’opération conforte donc le pôle hôtellerie de LVMH, elle va également permettre au groupe de diversifier et internationaliser encore davantage ses sources de revenus. Tout en offrant à ses marques et maisons de nouveaux écrins, à même de séduire une clientèle plus jeune. « On imagine des spas Dior et Guerlain dans ces hôtels d’exception et des évènements liés aux maisons de LVMH », pronostique un analyste financier dans l’édition du 20 décembre du magazine Challenges. Une chose paraît certaine : arrimés au navire LVMH, le Copacabana Palace, ses 239 chambres et suites, sa piscine de rêve et son restaurant étoilé, n’ont pas fini d’écrire leur légende.