|
|
A l’occasion des cent ans de la mort de César Ritz, décédé le 26 octobre 1918, plongée nostalgique en deux volets dans la légende d’un palace indissociable de l’histoire de Paris et du bon goût à la française.
Racheté en 1979 par le milliardaire Mohamed al-Fayed, le Ritz Paris bénéficie au cours des années 1980 d’une large restauration, qui conforte sa place de palace parmi les plus luxueux et exclusifs au monde. Mais c’est un événement dramatique qui va le faire occuper la Une de l’actualité pendant plusieurs semaines. Au mois d’août 1997, Diana, la princesse de Galles, dîne dans la suite impériale en compagnie de son amant, le fils de Mohamed al-Fayed, Dodi. Quelques heures plus tard, traqués par les paparazzi, ils s’échappent par la sortie de l’hôtel donnant sur la rue Cambon. Avant que leur voiture, poursuivie par des photographes à moto, ne percute un pilier du pont de l’Alma, mettant une fin tragique à la vie de la princesse britannique.
Un nouveau Ritz pour viser la Distinction Palace
En juillet 2009, l’organisme de développement touristique Atout France met en place la Distinction Palace, « qui permet la reconnaissance d’hôtels présentant des caractéristiques exceptionnelles ». Afin de prétendre au titre, le Ritz, jugé « poussiéreux », décide, une nouvelle fois, de faire peau neuve. Le 1er août 2012, l’établissement est fermé pour des travaux qui doivent s’échelonner jusqu’à l’été 2014. Quelque 140 millions d’euros supplémentaires sont investis, pour faire du Ritz un palace digne des autres hôtels de cette gamme. Las, le 19 janvier 2016, un important incendie se déclare au septième et dernier étage, endommageant gravement la toiture de l’hôtel. La réouverture est repoussée en juin de la même année.
Le 6 juin 2016, c’est enfin le grand jour. Le palace rénové compte désormais 142 chambres, dont 56 suites et 15 suites de prestige avec vue sur la place Vendôme – et parfois une terrasse –, contre 159 auparavant. Un restaurant d’été est créé sous une verrière mobile, de même qu’un salon d’hiver. La salle de bal est agrandie. Surtout, la rénovation fait la part belle aux nouvelles technologies, qui s’immiscent des chambres aux célèbres portes à tambour, désormais automatisées. « Nous souhaitions conserver l’esprit cher à nos clients. Le Ritz d’hier est celui d’aujourd’hui », explique l’établissement, selon qui « 80% du mobilier, des consoles, des fauteuils ou encore des tables de chevet » ont été conservés. Le nouveau Ritz compte près de 600 salariés, dont 55% de ceux déjà présents en 2012, selon l’hôtel.
Le Ritz dispose maintenant de trois bars: le bar Vendôme, le Ritz Bar et l’intemporel bar Hemingway, initialement le Ladies’ Bar, réservé aux femmes au début du XXe siècle. Côté gastronomie, les fins gourmets peuvent se régaler à l’Espadon – désormais divisé entre le Jardin de l’Espadon, ouvert le midi, et la Table de l’Espadon, le soir –, deux restaurants dirigés depuis leur réouverture par le chef Nicolas Sale et respectivement récompensés d’une et deux étoiles par l’édition 2018 du Guide Michelin, selon lequel « l’émotion des goûts est demeurée intacte » depuis l’époque d’Auguste Escoffier.
Après de nouveaux travaux, le rêve continue
Un ancien membre du personnel du Ritz confie sa satisfaction : « L’hôtel rénové a parfaitement conservé son ADN. Nous n’avons pas fait de grande vente de mobilier » car le Ritz souhaitait garder la plupart des meubles qui ont forgé sa légende. Certaines pièces ont cependant été proposées lors d’une vente exceptionnelle, organisée par la maison d’enchère Artcurial à Paris, le 17 avril dernier. Quelque 3 500 lots, représentant plus de 10 000 pièces, ont été mis en vente, permettant aux collectionneurs de s’approprier un peu de l’histoire des têtes couronnées et artistes ayant fréquenté le Ritz au XXe siècle.
Parmi ces lots d’exception, un minibar et les tabourets du fameux bar Hemingway, donnant l’impression de trinquer avec l’écrivain ; l’une des premières baignoires de l’hôtel, pour se baigner comme Marcel Proust – « César Ritz avait le souhait de donner le plus grand confort à ses clients, rappelle le commissaire-priseur Stéphane Aubert, il a eu la volonté de mettre dans chaque suite et chambre une salle de bains avec une baignoire comme celle-ci. C’était très moderne à l’époque » – ; un lit en cuivre ; des pagodes en laque de Chine appréciées de Coco Chanel ; ou encore les deux impressionnants porte-torchères qui ornaient l’entrée principale du Ritz, sous laquelle le duc et la duchesse de Windsor sont passés lors de leur lune de miel. Le montant total de la vente a atteint 7,3 millions d’euros, « un record mondial pour une vente de mobilier d’hôtel », selon Artcurial.
Indissociable de la vie parisienne, l’histoire du Ritz se poursuit donc, pour le meilleur…et parfois pour le pire. Début septembre 2018, une cliente de l’hôtel, membre de la famille royale saoudienne, a en effet été victime d’un vol de bijoux d’une valeur estimée à 800 000 euros. Pas de quoi ternir la réputation du Ritz qui reste, envers et contre tout, l’emblème rayonnant du savoir-vivre et du luxe à la française.