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Fendi a célébré jeudi soir à Rome Karl Lagerfeld, le célèbre styliste allemand disparu en février, avec qui la maison de couture a collaboré un demi-siècle et auquel elle a offert le Temple de Vénus comme décor pour un défilé hommage.
Cinquante-quatre silhouettes, autant que d’années de collaboration entre Lagerfeld et Fendi, ont défilé au Temple de Vénus, sur le Mont Palatin, vestige deux fois millénaire pour lequel l’enseigne italienne du groupe LVMH a annoncé débourser 2,5 millions d’euros pour sa restauration.
Il ne reste aujourd’hui que l’abside et quelques colonnes de cet édifice construit entre 121 et 135 ap. J.C., sous le règne de l’empereur Hadrien, et qui fut l’un des temples les plus vastes de la Rome Antique.
Un lieu « choisi avec Karl (Lagerfed) et qui devient le temple de ce qu’il nous a légué », a confié à l’AFP le président de Fendi, Serge Brunswick.
« Le coeur bat fort car l’émotion est grande d’être ici aujourd’hui sans lui », a-t-il ajouté à quelques minutes du show organisé sur l’une des sept collines de Rome où avaient été conviés 600 invités.
La romanité figure dans les moindres détails de cette collection automne-hiver 2019-2020, intitulée « The Dawn of Romanity » (« L’aube de la Romanité »).
Les marbres des sols et des décors de la Rome de toutes les époques se déclinent en motifs légers sur un pantalon de soie, un entrelacement géométrique de fourrures ou une robe en voile.
– Trompes-l’oeil –
« Je voulais faire passer ce matériau solide, dur, à un état de légèreté », a expliqué aux journalistes la créatrice Silvia Venturini Fendi, héritière des fondateurs de la marque en 1925, Edoardo et Adele Fendi.
Les savoir-faire ancestraux des métiers d’arts de l’architecture et de la décoration (marqueteurs, graveurs mosaïstes) se superposent à ceux de la couture (brodeurs, denteliers, tisserands) impliqués dans la réalisation des créations.
Comme toujours, le travail sur la fourrure est le cheval de bataille de la Maison qui a été la première avec Karl Lagerfeld à en faire un élément léger et malléable.
Mais il s’agit de fourrure renouvelable et durable, réalisée à partir du travail du cachemire ou d’autres matériaux, a souligné Silvia Venturini Fendi.
Sur les 54 silhouettes, 21 sont des nouveautés tandis que les autres ont été redessinées à partir de pièces d’archives, a encore précisé la créatrice.
La prouesse réside dans le jeu des trompes-l’oeil (marbrures, effet de perspective, illusion d’un relief) qui dialoguent sur un organza de soie ou une mosaïque de fourrure.
Elle est aussi dans le travail des matières où les plumes ressemblent à la fourrure, la fourrure imite la plume.
« Grâce à Fendi, le plus grand temple de la Rome antique, dédié à la Rome éternelle et à Vénus, va retrouver sa gloire d’antan », s’est félicitée Alfonsina Russo, directrice du Parc archéologique du Colisée.
Avec cet événement, Fendi entendait regarder vers ses origines tout en s’ouvrant à une renaissance, celle de l’après-Karl.
Un défi pour cette institution laissée orpheline par la mort du « Kaiser » dont la relation avec Fendi représente un record de longévité dans l’histoire de la mode, et dont Silvia Venturini Fendi assure la continuité.