La créatrice originaire de Los Angeles Pierre Davis a fait ses débuts lundi à New York, devenant le premier designer transgenre à présenter une collection lors de la Fashion Week.
Depuis quelques années, des mannequins transgenres défilent régulièrement lors de la semaine new-yorkaise, jusque chez Calvin Klein qui avait choisi en septembre 2017 une lycéenne trans de 16 ans.
En septembre, la maison Marco Marco du designer de Los Angeles Marco Morante est allée plus loin avec une distribution entièrement trans pour son podium.
Cette fois, c’était au tour de Pierre Davis de bousculer encore un peu plus l’ordonnancement de la Fashion Week, en tant que designer transgenre.
Le puissant syndicat américain de la mode (CFDA) qui a fait de la diversité son cheval de bataille depuis plusieurs saisons, l’avait même mis en avant à quelques jours de la semaine de la mode, qui a débuté lundi pour les hommes et se tournera jeudi vers les femmes.
Pierre Davis a ainsi amené à New York l’esprit de sa maison No Sesso, très communautaire, qui veut aller au-delà d’une simple ligne de vêtements.
Née avec les attributs d’un homme, puis devenue femme, la jeune créatrice veut amener « les gens à réaliser que tout ne tourne pas seulement autour de l’esthétique et du commerce », a-t-elle expliqué dans une interview au CFDA.
« Il est aussi question d’humanité », dit-elle, de s’assurer que « les personnes de toutes identités aient droit à une chance, quelle que soit cette identité ».
Pierre Davis ne renie pas ce label trans, a-t-elle expliqué à l’AFP, mais « veut surtout montrer (leur) travail », lequel s’inscrit dans la veine de la maison new-yorkaise Hood By Air, aujourd’hui mise en sommeil.
La marque du designer Shayne Oliver a bousculé la Fashion Week dès 2014 avec ses tenues sportswear qui tendaient à abolir la frontière entre modes hommes et femmes, avant de raccrocher en 2017.
Pour sa collection Chapter 2 (plus de saisons, uniquement des chapitres), Pierre Davis a rêvé d’un grand vestiaire unique où se mélangeraient les attributs classiques des deux sexes.
Des vestes noires strictes qui deviennent des jupes, des robes de cocktail qui mutent, tout se porte pourvu qu’on ait l’assurance, dont ne manquaient pas les mannequins du défilé, qu’ils ou elles soient longilignes ou rondes.
C’est l’esprit « Glamazon », qu’a voulu faire souffler No Sesso sur cette collection, dit Pierre Davis, « l’idée de défier la gravité, de réussir quelque chose même quand il semble qu’il n’y ait pas moyen ».
Cette grande penderie partagée par tous mélange aussi le formalisme de la tenue de travail avec le sportswear, aboutissant à une veste de jogging à épaulettes.
Grâce à ce premier passage à New York, dit Pierre Davis « le monde peut voir No Sesso et l’univers que nous créons ».