|
|
Exposition « Paolo Roversi » au Palais Galliera
Réagir à cet article
|
|
Le Palais Galliera présente, depuis le 16 mars et jusqu’au 14 juillet, la première monographie parisienne du photographe de mode Paolo Roversi.
Paolo Roversi est né à Ravenne en 1947, année de l’invention du Polaroïd, appareil qu’il a utilisé le plus longtemps possible avant de passer au numérique. Arrivé à Paris en 1973, après avoir suivi un cursus d’« art, musique et spectacle », il parfait sa formation auprès du photographe britannique Laurence Sackman et intègre progressivement le monde de la mode. Il collabore ainsi avec Dior, Yohji Yamamoto, Romeo Gigli, Rei Kawakubo pour Comme des Garçons, sans se dessaisir de son ambition d’exploration plastique.
Ce n’est pas moins de 140 œuvres, dont certaines inédites, qu’a sélectionnées la commissaire Sylvie Lécallier. Sa sélection rend compte, comme le révèle son texte dans le catalogue d’exposition, du paradoxe présence-évanescence qui émerge des modèles photographiés, mais aussi de leur façon de camper un personnage. Les photographies sont mises en scène par Ania Martchenko dans le respect du travail de l’artiste bien sûr mais aussi de l’architecture du lieu qui date du XIXe siècle et des préoccupations écologiques actuelles. La scénographe s’est notamment appliquée, grâce à des cimaises tendues de tissus, à reprendre la distinction lumière naturelle – lumière artificielle chère au photographe. Le parcours, organisé en sept salles répond également à cette préoccupation.
Dans six salles, les plus grands mannequins, comme Kirsten Owen, Saskia de Brauw, Guinevere van Seenus, élégamment vêtues, s’affichent dans leur vérité. Dans une autre salle, certaines d’entre elles posent nues, permettant au photographe d’aller vers une recherche plus personnelle.
Chacune des salles permet au spectateur de découvrir la singularité esthétique de Paolo Roversi. Ses œuvres sont signées par son traitement singulier des créations de mode. Chaque photographie est avant tout un portrait. Le modèle, bien que sa pose soit entièrement mise au service du vêtement, semble, par le rendu de sa présence, inverser l’effet. La tenue qu’il porte n’est plus une parure mais la simple expression de ce qu’il est vraiment.
Les œuvres sont également signées par leur traitement photographique. Paolo Roversi est avant tout un chercheur souhaitant toujours dépasser le rendu propre à son Polaroïd. Le photographe sait jouer de son appareil et des tirages qu’il en sort. Le hasard produit parfois des effets qu’il s’applique à contrôler pour les sublimer.
Le musée de la mode de la ville de Paris offre donc une exposition où le spectateur attentif pourra découvrir comment art et mode s’équilibrent lorsqu’ils partagent une aspiration commune à la beauté. Des événements sont prévus, telle une rencontre exceptionnelle avec l’artiste le 3 juin à 19 heures à l’Institut culturel italien.