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Après la crise de 2008, le marché de l’immobilier de luxe au Maroc se porte à nouveau bien. Pour faire face à la concurrence et séduire une riche clientèle internationale, il doit cependant relever un certain nombre de défis.
Qui n’a jamais rêvé de posséder son riad à Marrakech ou sa maison d’architecte avec vue sur l’océan à Tanger ? L’immobilier de luxe au Maroc continue de séduire les investisseurs et résidents étrangers, attirés par des prestations et des niveaux de prix avec lesquels peu de pays au monde peuvent rivaliser.
De nombreux atouts
Avec un prix moyen de 1 144 euros le mètre carré (12 450 dirhams), le Royaume est l’un des plus abordables parmi les pays émergents. De fait, le prix de l’immobilier de luxe au Maroc n’atteint même pas le double du prix de l’immobilier standard, situation que l’on ne retrouve évidemment pas dans les pays européens, où les écarts de prix sont beaucoup plus significatifs – à l’exception, notable, du marché espagnol, durement touché après la crise de 2008.
Au-delà du prix, c’est évidemment le niveau des prestations marocaines qui séduit les investisseurs étrangers. Au Maroc, les acheteurs peuvent se permettre d’acquérir des biens dont la surface dépasse, de loin, celle qu’ils auraient pu se permettre d’avoir dans leur pays d’origine. Ils retrouvent dans leur propriété marocaine tout le confort auquel ils sont habitués : des systèmes de chauffage adéquats, de nombreuses salles d’eau, plusieurs petits salons à la marocaine, etc. Avec des particularités selon leur origine : si les acheteurs britanniques opteront souvent pour un petit salon et de grandes chambres, les Français préfèreront l’inverse.
Le Maroc attire aussi la clientèle internationale privilégiée grâce à sa stabilité. La stabilité politique, une économie saine, de bons hôpitaux et la proximité avec l’Union européenne représentent autant d’atouts de taille. Un système bancaire solide et une fiscalité attractive – une convention de non double imposition existe, par exemple, entre la France et le Maroc pour les résidents y séjournant au moins six mois par an ; et l’Etat marocain prévoit aussi des chartes d’investissement avantageuses pour les investisseurs étrangers – pèsent aussi dans le choix des acheteurs.
Enfin, le fait que le Royaume ait été relativement moins touché que ses voisins régionaux par le phénomène du terrorisme contribue également à l’attractivité de l’immobilier de luxe marocain. Le Maroc a donc des atouts, mais il ne doit pas se reposer sur ses lauriers. Concurrencé par les Bahamas ou les Caraïbes, notre pays doit s’atteler à relever de nouveaux défis, s’il entend continuer à séduire les investisseurs.
Des défis à relever pour s’imposer
La « ruée vers le Maroc » s’était déjà brutalement interrompue à la faveur de la crise financière de 2008, notamment de la part des clients français. Les acheteurs britanniques, eux aussi, ont connu un recul sensible, principalement dû à la dépréciation de 30% de la livre sterling. Le fait que les banques demandent désormais un apport couvrant jusqu’à 50% de l’achat, contre 20% auparavant, constitue aussi un frein à la décision d’achat.
Si le marché de l’immobilier de luxe se reprend progressivement, les défis à relever sont donc nombreux. Le plus important d’entre-eux est, à mes yeux, la modernisation de notre système judiciaire. Si notre arsenal juridique est bon, il est imparfaitement appliqué. Lenteurs administratives et corruption sont autant de repoussoirs pour les investisseurs étrangers. La douceur du thé à la menthe ne suffit pas : si l’investisseur n’est pas absolument certain de pouvoir faire valoir ses droits en cas d’incident, il passera son chemin.
Dans ce secteur de niche qu’est l’immobilier de luxe, les acteurs doivent aussi tout mettre en œuvre pour connaître leurs clients et cerner leurs besoins. Ils doivent savoir, par exemple, que jamais un investisseur britannique ne placera une somme équivalente à plus de la moitié de sa résidence principale dans une maison secondaire.
Si nous relevons ces défis, l’immobilier de luxe au Maroc a toutes les raisons de s’imposer auprès d’investisseurs toujours plus exigeants.